«Si on boit trop à la Saint-Richard, on finira comme un pochard.»
«Si le coucou n'est pas là le trois c'est que sa femme est malade.»
♥ Cordial salut du jour et bisous à tous ♥
Salut les amis et merci de votre visite; c'est vendredi, pour certains ce vendredi saint est férié alors que pour d'autres c'est le dernier jour de la semaine active; la météo est encore maussade et perturbée et le week-end pascal se passera au coin du feu avec la chaleur de l'âtre, à croire qu'on fêtera Noël à Pâques avec la neige annoncée par endroits... Pour les plus vernis, une balade dans le sud pour quelques jours, à la recherche du soleil aura un goût de bouchon et sera bienvenue...
Pour la météo d'aujourd'hui, pour la Suisse romande avec 1° et un ciel partiellement nuageux dans la nuit, ce sera pour ce vendredi, journée d'accalmie et amélioration bienvenue. Ciel partagé entre plages ensoleillées et bancs de nuages bas en matinée.
Dans l'après-midi, ciel se voilant de plus en plus et devenant nuageux d'ici la fin de journée. Risque d'averses en augmentation en soirée et dans la nuit avec des flocons dès 1300 à 1500m d'altitude.
Températures à peine de saison. Températures prévues pour vendredi: minimales 2 à 5°, maximales 9 à 11°. Dans le Jura à 1000 m: 0 puis 7°. En montagne: -3 puis 0°à 2000 m, -8 puis -6°à 3000 m.
Vent faible et variable sur le Léman et le Plateau et vent d'ouest à nord-ouest faible à modéré en montagne...
Une nouvelle page météo avec symboles et plus du tout de texte... à regarder sous:
http://www.meteosuisse.admin.ch/home.html?tab=overview
Pour l'Hexagone, une météo de printemps... perturbée, au nord et meilleure au sud... eh oui c'est souvent comme ça au début du mois d'avril... avec pour ce jour: une nouvelle perturbation circule sur la moitié nord du pays. Le matin, le ciel est bas et gris et le temps pluvieux sur la Bretagne, les Pays-De-La-Loire, le Centre, l'Ile de France et la Normandie. Plus à l'Est, du Nord-Pas-De-Calais en Passant par la Bourgogne jusqu'au Poitou-charente le ciel se couvre rapidement et de petites pluies sont possibles. En Lorraine, Alsace et Franche-Comté des brumes matinales se développent et laissent la place à un ciel partagé entre nuages et éclaircies.
Sur une zone allant de la Gironde, en passant par le Massif Central, jusqu'au nord de Rhône Alpes le ciel s'ennuage progressivement mais le temps reste sec.
Enfin sur le Sud de l'Aquitaine, Midi-Pyrénées et autour de la Méditerranée le ciel se couvre de nuages d'altitude mais l'impression de beau temps prédomine.
L'après-midi, au nord d'une ligne Bordeaux/Lyon, le temps est maussade et faiblement pluvieux sauf sur le Finistère et l'Alsace où de petites éclaircies se développent. Il neige vers 1200 m d'altitude sur le Jura, vers 1500 m sur les Alpes du Nord.
Au sud de cette zone le ciel est voilé mais reste lumineux et le temps plutôt doux.
Le mistral souffle autour de 70 km/h le matin puis faiblit progressivement l'après-midi.
Les températures minimales seront comprises entre 1 et 10 degrés du Nord au Sud, avec de petites gelées dans les vallées du Nord-Est. L'après-midi, il fera un peu frais pour la saison, de 9 à 13 degrés au nord, 15 à 19 degrés plus au sud et jusqu'à 19 à 21 près de la Méditerranée...
Pour l'Outre-mer: à Mayotte ensoleillé et nuageux avec des températures de l'ordre de 28°à 32°; à l'île de la Réunion ce sera ensoleillé, brumeux et voilé avec des températures de l'ordre de 26°à 31°; à la Martinique ensoleillé et nuageux avec des températures de l'ordre de 30°à 31°; ensoleillé et nuageux avec des températures de l'ordre de 30°à 35° en Guadeloupe; ensoleillé et nuageux en Guyane française avec des températures de l'ordre de 30°à 33°; Polynésie française, ciel clair, très beau temps avec des températures de 31°; peu nuageux à nuageux, larges éclaircies avec des températures de 29° aux Marquises; nuageux avec quelques flocons et venteux à Saint-Pierre et Miquelon avec des températures de 0°...
Bonne journée à tous et que le soleil et la chaleur soient aussi dans vos cœurs... Aujourd'hui le lever du soleil à Lausanne est à 07:10 et le coucher du soleil se fera à 20:04 et le jour est plus long de 3 minutes...
Valeurs remarquables d'avril en France
TMax: 33.2°C (Cazaux le 30/04/2005)
TMin: -14.0°C (Mont Aigoual le 06/04/1911)
Précip: 182.2 mm (Mont Aigoual le 29/04/2004)
Et pour les amis qui aiment la pêche à pied, les prochaines grandes marées, horaire des marées à Saint-Malo, auront lieu les:
Vendredi 17 avril à 06h46, coefficient 95, à 19h13, coefficient 101
Samedi 18 avril à 07h36, coefficient 106, à 20h00, coefficient 110
Dimanche 19 avril à 8h23, coefficient 112, à 20h44, coefficient 113
Lundi 20 avril à 09h06, coefficient 112, à 21h24, coefficient 109
Mardi 21 avril à 09h47, coefficient 105, à 22h02, coefficient 100
Historique d'une météo, qu’on a trop souvent tendance à oublier…
En 1984: Aux heures les moins froides de la journée, la température ne dépassait pas -1,4°à Mont-Rigi
Les journées mondiales et internationales
Le trois avril c’est la Journée mondiale du travail invisible
http://www.journee-mondiale.com/379/journee-mondiale-du-travail-invisible.htm
Aujourd'hui, c'est Vendredi saint
Quelques dictons sur ce jour
«S'il pleut le Vendredi Saint, la gelée voit sa fin.»
* * *
«Vendredi Saint maussade, samedi de Pâques ensoleillé.»
* * *
«Si le papillon vole au Vendredi Saint, garde tes chaussures, tu en auras besoin.»
* * *
«Quand il pleut le Vendredi Saint, la pluie fait l'effet du sang au terrain.»
* * *
«À la Bonne Dame de septembre, bonhomme allume ta lampe; quand vient le Vendredi Saint, bonhomme ta lampe éteins.»
* * *
«À la bonne Dame de septembre, bonne femme allume ta lampe; quand vient le Vendredi Saint, bonne femme ta lampe éteins.»
* * *
La France pittoresque
Chasse pratiquée par les rois mérovingiens et les Francs
D’après «La chasse à travers les âges», paru en 1898
Les chroniqueurs du temps nous disent que les rois de la dynastie mérovingienne furent d’ardents chasseurs. Si plusieurs d’entre eux perdirent la vie à la suite d’accidents causés par l’abus de cet exercice, certains durent aux animaux de la forêt de leur «ouvrir les yeux»...
Clovis dut à la chasse sa victoire sur Alaric. Une biche poursuivie par des chasseurs lui aurait découvert un gué qu’il avait inutilement cherché. Ses fils et petits-fils héritèrent de ce goût national. Théodebert périt sous les coups d’un aurochs furieux. Chilpéric fut assassiné au retour d’une chasse, par le maire du palais Landri. Clotaire se fût noyé dans l’Aisne si l’un des chasseurs de sa suite, Authaire, ne l’eût retiré de la rivière. En 673, Childéric Il fut assassiné dans la forêt de Lagny pendant une partie de chasse.
Le bon roi Dagobert (629-639), quant à lui, s’y exerça dès sa première jeunesse et, malgré la chanson ridicule dont les veneurs du XIXe siècle s’emparèrent pour composer la fanfare du lapin, ce fut un grand roi et un chasseur illustre, qui mérite que nous apposions ici son sceau. Un jour, chassant un cerf, Dagobert vit tout à coup la meute s’arrêter, saisie de respect; le roi voulut en connaître la cause; on creusa la terre et on découvrit les ossements du martyr saint Denis. Le roi d’Austrasie, Dagobert II, fut assassiné le 23 décembre 679 en chassant dans la forêt de Woivre, non loin de Montmédy, par son filleul, le Frison Grimoald.
L’auteur des Moines d’Occident (tome II) mentionne un fait curieux pouvant servir à l’histoire du duel judiciaire, dont il paraît être le premier exemple connu. Gontran, fils de Clotaire, chassant un jour dans la forêt des Vosges, trouva les restes d’un aurochs qui venait d’être tué: son chambellan, accusé par le garde forestier d’avoir commis ce braconnage, demanda le combat judiciaire pour prouver son innocence; il se fit remplacer par son neveu. Mais les deux adversaires s’étant entretués, Gontran fit lapider son chambellan. Une autre fois, le même prince fit subir la question à des nobles soupçonnés de lui avoir dérobé son cornet de chasse.
Les seigneurs francs suivirent l’exemple des rois. Aussitôt que leur âge pouvait le leur permettre, ils apprenaient à monter à cheval, poursuivant d’abord les petits animaux, ce qui, peu à peu, augmentait leur vigueur, les endurcissait à la fatigue et leur inspirait ce courage viril qui, dans les combats corps à corps des temps mérovingiens, décidait habituellement de la victoire.
Les Francs connaissaient dès cette époque la manière de démêler les voies et les traces des animaux, comme aussi celle de les attaquer et de les forcer à l’aide de chiens courants. L’historien de Childebert nous apprend qu’ «on découvrit dans les bois une bête très extraordinaire: c’était un buffle qui se tenait dans son fort. Le roi, très content de cette découverte, ordonne aux veneurs de faire pour le lendemain les préparatifs nécessaires, d’amener des chiens et de se procurer une ample provision d’arcs et de flèches. L’aurore ne paraissait pas encore, et déjà la troupe des chasseurs s’était mise en marche pour se rendre au fond de la forêt. A peine commençait-on à distinguer les objets, que chacun s’empresse à démêler d’un œil curieux les voies de l’animal. On découvrit enfin son gîte; les chiens sont découplés, les veneurs le suivent, guidés par le cri des chiens.» Rien dans cette description n’est oublié. Nous assistons au rapport de la veille, puis au travail matinal des valets de chiens et des limiers, comme cela se pratiqua plus tard: la quête, le lancer, le laisser-courre, tout est décrit.
Olifant en ivoire de saint Hubert
Sous les derniers rois mérovingiens, on ne parle plus des chasses royales; cependant ce fut sous Clotaire III que naquit, vers 657, le célèbre patron des chasseurs. Arrière-petit-fils de Clovis et fils de Bertrand, duc d’Aquitaine, Hubert chassait, le jour du vendredi saint de l’année 683, un superbe cerf dans la forêt des Ardennes, entre Andain et Bouillon. Au moment de l’hallali, soudain l’animal se retourne du côté du chasseur: une croix lumineuse brille entre ses bois. Hubert tombe à genoux; il entend une voix qui lui reproche de chasser le jour anniversaire de la mort du Sauveur, et l’engage à changer de vie. Après la mort de saint Lambert, Hubert lui succéda sur le siège épiscopal de Liège et mérita par ses vertus d’être placé sur nos autels. Transporté, après sa mort, à l’abbaye d’Andain, qui prit plus tard le nom d’abbaye Saint-Hubert, le corps du saint devint bientôt le but d’un célèbre pèlerinage.
Le roi carolingien Louis le Débonnaire l’inaugura par son exemple. Mais ce ne fut que deux cents ans après sa mort, au Xe siècle, que saint Hubert devint le patron des chasseurs et le grand guérisseur de la rage. La translation de son corps ayant eu lieu le 3 novembre 837, ce fut aussi le jour qui fut adopté par les veneurs pour célébrer avec pompe la fête de leur patron. Les moines de cette abbaye eurent une race de chiens célèbre, dite de Saint-Hubert; chaque année, ils faisaient don au roi de France de ces chiens comme limiers.
Saint Hubert, par Albrecht Dürer
Du Fouilloux nous en donne plus tard un type dans sa Vénerie. «Autrefois, dans les campagnes, dit Leverrier de La Contrie, à la chapelle du vieux manoir, ou au fond des forêts, sur l’autel en ruines élevé, par la piété d’un pèlerin ou d’un chasseur en péril, à saint Hubert ou à Notre-Dame des Bois, un clerc, lisant un missel enfumé, dépêchait la messe du bienheureux patron; autour se pressaient les veneurs, debout et découverts, la trompe au col, le couteau de chasse à la ceinture, les valets tenant les limiers à la botte, les piqueurs contenant sous le fouet la docile impatience des chiens couplés. A la consécration, les trompes faisaient entendre la Saint-Hubert: à ce bruit tant aimé, les chevaux hennissaient, les chiens se récriaient.
«Cependant, le clerc bénissait le pain des veneurs qui devait, pendant l’année, préserver les chiens de la rage; puis, quand la dernière prière s’envolait des lèvres, les veneurs étaient en selle et la chasse partait entraînante, avec ses voix pressées et confuses; les chevaux dévoraient l’espace; et le soir on disait les légendes naïves, les merveilleuses histoires; on lisait les grands maîtres, le chevaleresque Gaston Phébus, le gai du Fouilloux, naïf conteur des mœurs de son temps; c’était une belle fête que la saint Hubert.»
Article copié sur "La France pittoresque"
Forgeron du Gers à jamais changé en loutre
D’après «Contes populaires de la Gascogne» (tome 1), paru en 1886
Au Pont-de-Pile, hameau situé au bord du Gers, dans la commune de Lectoure, demeurait jadis un forgeron haut d’une toise, fort comme une paire de bœufs. C’était un homme plus noir que l’âtre, avec une longue barbe, les cheveux hérissés, et les yeux rouges comme des charbons. Jamais il ne mettait le pied dans une église, et il mangeait de la viande en tout temps, même le Vendredi saint. On disait que le Forgeron du Pont-de-Pile n’était pas de la race des chrétiens...
Le fait est qu’il vivait seul dans sa maison, où les pratiques avaient ordre de n’entrer jamais, et d’appeler le maître dehors, quand elles avaient affaire à lui. Le Forgeron était sans pareil pour travailler le fer, aussi bien que l’or et l’argent. L’ouvrage tombait chez lui comme grêle. Il donnait ordre à tout, sans autre aide qu’un loup noir, grand comme un cheval. Nuit et jour, ce loup vivait enfermé dans la roue qui faisait marcher le soufflet de forge. Sept jeunes gens s’étaient présentés au maître, pour apprendre le métier. Mais les épreuves étaient si fortes, si fortes, qu’ils en étaient morts dans les trois jours.
En ce temps-là, vivait au hameau de La Côte, situé entre Lectoure et le Pont-de-Pile, une pauvre veuve, qui demeurait seule avec son fils dans sa maisonnette. Quand le garçon eut atteint l’âge de quatorze ans, il dit un soir à sa mère:
- Mère, nous nous tuons tous deux à la peine, sans même gagner de quoi vivre. Demain, j’irai trouver le Forgeron du Pont-de-Pile, et je serai son apprenti.
- Mon ami, cet homme-là ne met jamais le pied dans une église, et il mange de la viande en tout temps, même le Vendredi saint. On dit qu’il n’est pas de la race des chrétiens.
- Mère, le Forgeron du Pont-de-Pile ne me gagnera pas au mal.
- Mon ami, sept jeunes gens se sont présentés chez lui, pour apprendre le métier. Mais les épreuves étaient si fortes, si fortes, qu’ils en sont morts dans les trois jours.
- Mère, je supporterai les épreuves, et je ne mourrai pas.
- Mon ami, je remets tout à la grâce de Dieu et de la sainte Vierge Marie.
Tous deux allèrent se coucher. Le lendemain, à la pointe du jour, le garçon était devant la boutique du Forgeron du Pont-de-Pile.
- Hô! Forgeron du Pont-de-Pile! Hô! Hô! Hô!
- Garçon, que veux-tu?
- Forgeron du Pont-de-Pile, je veux être votre apprenti.
- Garçon, entre ici.
Le garçon entra dans la boutique, sans peur ni crainte. «Garçon, prouve-moi que tu es fort», lui lança le Forgeron. Le garçon prit une enclume de sept quintaux, et la jeta dehors à plus de cent toises. «Garçon, prouve-moi que tu es adroit.» Le garçon s’en alla devant une toile d’araignée, qu’il dévida et pelotonna d’un bout à l’autre, sans jamais casser le fil. «Garçon, prouve-moi que tu es hardi.» Le garçon ouvrit la porte de la roue, où vivait enfermé, nuit et jour, le loup noir grand comme un cheval, qui faisait marcher le soufflet de forge. Aussitôt, le loup s’élança. Mais le garçon le saisit en l’air par le cou, lui coupa la queue et les quatre pattes sur une enclume, et le brûla vif au feu de la forge.
- Garçon, tes épreuves sont finies. Tu es fort, adroit et hardi. Dans trois jours, tu seras à mon service. Je te paierai bien. Mais je n’entends pas que tu demeures, ni que tu manges avec moi.
- Maître, vous serez obéi.
L’Apprenti salua le Forgeron du Pont-de-Pile et sortit. Aussitôt dehors, il pensa: «Ma mère a raison. Mon maître n’est pas un homme comme les autres. Pendant trois jours et trois nuits, je vais me cacher, et le guetter sans qu’il me voie. Alors, je saurai à qui j’ai affaire.» Ceci pensé, l’Apprenti s’en alla trouver sa mère.
- Mère, nous sommes riches. Le Forgeron du Pont-de-Pile m’a pris en apprentissage. Je commence dans trois jours. Sans vous commander, mère, donnez-moi une besace pleine de pain, et une gourde pleine de vin. J’ai besoin de faire un voyage, et je suis pressé de partir, pour rentrer au temps marqué.
- Tiens, mon ami. Que le Bon Dieu et la sainte Vierge te gardent de tous malheurs.
L’Apprenti salua sa mère, et fit semblant de partir. Mais il alla se cacher, en secret, tout proche de la maison du Forgeron du Pont-de-Pile, dans une meule de paille, d’où il voyait et entendait tout, sans être ni vu ni entendu. Au coucher du soleil, le Forgeron du Pont-de-Pile ferma boutique. Mais l’Apprenti se méfiait. Il ouvrait les yeux et les oreilles. Quand les étoiles marquèrent onze heures, le Forgeron du Pont-de-Pile ouvrit doucement la porte de sa maison, et regarda partout si personne ne le guettait. Alors, il imita le chant du grillon.
- Cri cri cri. Viens, ma fille. Viens, Reine des Vipères. Cri cri cri.
- Père, je suis ici.
La Reine des Vipères était longue et grosse comme un sac de blé, avec une fleur de lys noire sur la tête. Le père et la fille se caressaient, et se mangeaient de baisers.
- Eh bien, père, avez-vous un apprenti?
- Fille, j’en aurai un dans trois jours. C’est le fils d’une veuve de La Côte, Il est fort, adroit et hardi.
- Père, je l’ai vu. J’en suis amoureuse.
- Eh bien, fille, je vous marierai quand il aura l’âge. Maintenant, va-t-en. Minuit est proche, et je n’ai que le temps de me préparer.
La Reine des Vipères partit. Aussitôt, le forgeron du Pont-de-Pile descendit au bord de la rivière du Gers, dans un pré bordé de frênes, de peupliers et de saules. L’Apprenti était sorti de la meule de paille. Il suivait son maître doucement, doucement, en se cachant derrière les arbres. Le Forgeron du Pont-de-Pile se mit nu comme un ver, et cacha ses habits dans un saule creux. Puis, il s’arracha la peau de la tête aux pieds, et parut fait comme une grande loutre. «Cachons ma peau d’homme, dit-il. Si je ne la retrouvais pas, pour la remettre avant le lever du soleil, je serais loutre pour toujours.»
Il cacha sa peau d’homme dans le saule creux, et sauta dans le Gers, juste au moment où les étoiles marquaient minuit. L’Apprenti le voyait nager, plonger au fond de la rivière, et revenir avec une carpe ou une anguille, qu’il mangeait au clair de la lune. Cela dura jusqu’à la pointe de l’aube. Alors, le Forgeron du Pont-de-Pile sortit de l’eau, remit sa peau d’homme et ses habits, et rentra chez lui, sans croire qu’il fût guetté. L’Apprenti revint se cacher dans la meule de paille. Pendant deux autres nuits, il vit et entendit ce qu’il avait vu et entendu la première.
«Bien, dit-il. Mon maître est le père de la Reine des Vipères. Chaque nuit, elle vient le voir et lui parler. La Reine des Vipères est amoureuse de moi, et elle veut m’épouser quand j’aurai l’âge. Mon maître est condamnéà se changer en loutre chaque soir, depuis minuit jusqu’à la pointe de l’aube. Tout cela est bon à savoir, et à ne pas dire.»
Le matin du troisième jour, l’Apprenti entra dans la boutique, comme un innocent qui n’a rien vu ni entendu. «Bonjour, maître. Je viens commencer mon apprentissage.» L’apprentissage commença donc. A quinze ans l’Apprenti en savait déjà plus que le maître. Mais il faisait semblant de n’être pas si habile, par crainte de rendre jaloux le Forgeron du Pont-de-Pile. Un soir, le maître dit à l’Apprenti:
- Écoute. Dans trois mois, le marquis de Fimarcon - marquisat situé dans la portion occidentale de la vicomté de Lomagne - marie sa fille aînée au roi des Iles de la mer. La fiancée a besoin de force bijoux. C’est moi qui en ai la commande. Demain matin, tu prendras les devants, avec tes outils. Au château de Lagarde, ni l’or ni l’argent ne te manqueront, pas plus que les diamants et les pierres fines. Forge, ajuste, aussi bien que tu pourras. Fais le gros de l’ouvrage. Un mois avant la noce, je serai là, pour voir si tout va bien, et pour finir force choses que tu ne sauras jamais faire.
- Maître, vous serez obéi.
Le lendemain matin, l’Apprenti arrivait au château de Lagarde, avec ses outils. Aussitôt après déjeuner, il se mit à l’ouvrage. Ni l’or ni l’argent ne lui manquaient, pas plus que les diamants et les pierres fines. «Ah, maître, pensait-il, le temps est proche où vous verrez s’il y a force choses que je ne saurai jamais faire.» Et l’Apprenti forgeait l’or et l’argent. Il ajustait les diamants et les pierres fines. Jamais on n’avait vu, jamais on ne verra tant et de si belles bagues, de si beaux colliers, de si beaux pendants d’oreilles. Au château de Lagarde, maîtres et valets ne finissaient pas de complimenter l’Apprenti, sauf la fille cadette du marquis de Fimarcon, une petite Demoiselle, belle comme le jour et sage comme une sainte. Pourtant, elle regardait l’Apprenti travailler du matin au soir. Enfin, un jour qu’ils étaient seuls, la petite Demoiselle parla.
- Apprenti, bel Apprenti, tu fais de bien belles choses pour ma sœur aînée. Travaillerais-tu mieux encore, si c’était pour une autre fille. Dis-le-moi.
- Oui, petite Demoiselle. Quand j’aurai une maîtresse, je ferai pour elle un collier qui n’aura pas son pareil.
- Apprenti, bel Apprenti, comment sera ce collier d’or, qui n’aura pas son pareil? Dis-le-moi.
- Pour ma maîtresse, petite Demoiselle, je ferai un collier d’or, un beau collier d’or jaune et brillant comme le soleil. Ce collier, je le sortirai brûlant de la forge rouge, et je le tremperai dans une jatte de mon sang. Quand la trempe sera bonne, je le rejetterai dans la forge rouge, pendant que ma maîtresse se mettra nue jusqu’à la ceinture. Alors, je lui passerai le beau collier d’or autour du cou, et il fera corps avec la chair, si bien que ni Dieu ni Diable ne seront en état de l’en arracher. Par la vertu de ce beau collier d’or, ma maîtresse n’appartiendra, et ne pensera qu’à moi. Tant que je serai heureux, le beau collier d’or restera jaune. Mais si le malheur est sur moi, il deviendra rouge comme le sang. Alors, ma maîtresse aura trois jours pour se préparer. Elle dira à ses parents: «Je vais mourir. Enterrez-moi dans une robe de mariée, avec le voile et la couronne de fleurs d’oranger sur la tête, avec un bouquet de roses blanches à la ceinture.» Le troisième jour, elle s’endormira. Tout le monde la croira morte. Alors, on l’enterrera ainsi vêtue, et elle vivra toujours, toujours endormie, tant que le malheur sera sur moi. Si je meurs, elle est perdue. Si le malheur n’est plus sur moi, je viendrai la réveiller, et nous nous marierons ensemble.
- Apprenti, bel Apprenti, forge-moi ce beau collier d’or.
En sept heures, le beau collier d’or jaune et brillant comme le soleil était prêt. Alors, l’Apprenti le jeta dans la forge rouge, tira son couteau, se fit une entaille dans le bras, laissa couler son sang dans une jatte, et y trempa le beau collier d’or, jusqu’à ce que la trempe fût bonne. Puis, il le rejeta dans la forge rouge, et souffla fort et ferme, pendant que la petite Demoiselle se mettait nue jusqu’à la ceinture. Alors, il lui passa le beau collier d’or au cou, et il fit corps avec la chair, si bien que ni Dieu ni Diable n’auraient été en état de l’en arracher.
«Apprenti, bel Apprenti, je suis ta maîtresse. Maintenant, par la vertu de ce beau collier d’or, je n’appartiendrai, je ne penserai qu’à toi.» La petite Demoiselle rentra dans sa chambre. Ni ses parents, ni les valets, ne surent jamais ce qui venait de se passer. Le lendemain matin, le Forgeron du Pont-de-Pile arriva.
- Bonjour, maître.
- Bonjour, Apprenti. Voilà deux mois que tu travailles. Je suis venu pour voir si tout va bien, et pour finir force choses que tu ne sauras jamais faire.
- Regardez, maître.
Et l’Apprenti montrait l’or et l’argent forgés, les diamants et les pierres fines ajustés, les belles bagues, les beaux colliers, et les beaux pendants d’oreilles. Le Forgeron du Pont-de-Pile se mit à rire.
- Apprenti, je n’ai plus rien à t’enseigner. Tu en sais plus que moi. Maintenant, tu es libre de t’établir à ton compte. Mais tu me feras service, si tu restes encore trois mois à ma boutique.
- Maître, vous serez obéi. Tant que vous voudrez, je resterai à votre boutique.
Alors, le Forgeron du Pont-de-Pile et l’Apprenti s’en allèrent trouver le marquis de Fimarcon.
- Bonjour, marquis de Fimarcon.
- Bonjour, mes amis. Que me voulez-vous?
- Marquis de Fimarcon, dit le Forgeron du Pont-de-Pile, nous n’avons plus rien à faire ici. Mon Apprenti a travaillé mieux que je n’aurais fait moi-même. C’est lui qu’il faut payer.
- Tiens, Apprenti, voici mille louis d’or.
- Marquis de Fimarcon, je ne veux rien. Si ces mille louis d’or vous gênent, il faut en faire des aumônes.
Tous deux saluèrent le marquis de Fimarcon, et s’en revinrent au Pont-de-Pile. Sept jours après, le maître dit à l’Apprenti:
- Apprenti, c’est aujourd’hui la foire à Condom (i). Il nous y faut être de bonne heure. Buvons un coup, et en route.
- A votre santé, maître.
- A la tienne. Apprenti.
Mais le Forgeron du Pont-de-Pile ne fit que semblant de boire, car il avait mis dans le vin un assoupissant si fort, si fort, qu’aussitôt l’Apprenti tomba par terre, endormi comme une souche. Alors, le Forgeron du Pont-de-Pile lui lia les pieds et les mains, avec des câbles et des chaînes. Il lui ferma la bouche avec un linge. Quand l’Apprenti se réveilla, la forge flambait comme le feu de l’enfer, et le Forgeron du Pont-de-Pile limait les dents d’une scie neuve.
«Apprenti, gueux d’Apprenti, tu as voulu en savoir plus que ton maître. Maintenant, tu es en mon pouvoir. Nul ne viendra te délivrer. Si tu n’obéis pas, tu vas souffrir mort et passion. Veux-tu épouser ma fille, la Reine des Vipères?» L’Apprenti avait la bouche fermée par le linge. Il secoua la tête pour dire non. Alors, le Forgeron du Pont-de-Pile prit sa scie neuve. Il scia lentement, bien lentement, le pied gauche de l’Apprenti, et le brûla dans la forge. «Apprenti, veux-tu épouser ma fille, la Reine des Vipères?» L’Apprenti secoua la tête pour dire non. Alors, le Forgeron du Pont-de-Pile reprit sa scie neuve. Il scia lentement, bien lentement, le pied droit de l’Apprenti, et le brûla dans la forge. «Apprenti, veux-tu épouser ma fille, la Reine des Vipères?» L’Apprenti secoua la tête pour dire non. Alors, le Forgeron du Pont-de-Pile comprit qu’il perdait son temps et sa peine. Il jeta l’Apprenti sur sa charrette, le couvrit de paille, et fouetta son cheval, qui partit comme un éclair.
Saint Eloi, patron des forgerons
Au coucher du soleil, ils étaient loin, bien loin, plus loin que les Landes, le pays des pins et de la résine. Ils étaient au bord de la mer grande, dans le Pays des Vipères, où commandait la fille du Forgeron du Pont-de-Pile. Là, il y a une tour sans toiture, et sans portes ni fenêtres, avec un puits au milieu. La tour a cent toises de haut. La muraille est bâtie de pierres si dures, de mortier si solide, que le pic et la mine n’y peuvent rien. Seule, la Reine des Vipères avait le pouvoir d’entrer et de sortir, par un trou qui se refermait aussitôt.
Le Forgeron du Pont-de-Pile et la Reine des Vipères appelèrent les grands aigles des Pyrénées. «Grands aigles de la Montagne, écoutez. Ecoutez bien, pour faire de point en point tout ce qui vous est commandé. Prenez ce rien qui vaille, et portez-le dans la tour. Jusqu’à ce qu’il ait épousé ma fille, la Reine des Vipères, il restera là prisonnier. Il couchera par terre, avec le ciel pour toiture. S’il a soif, il boira l’eau du puits. Mais le fer, l’argent et l’or, ne lui manqueront pas plus que les diamants et les pierres fines. Tout son travail, vous me l’apporterez. Quand il l’aura cent fois gagnée, vous lui jetterez une miche de pain noir comme l’âtre, et amer, amer comme le fiel.»
Les grands aigles de la Montagne obéirent. Pendant sept ans, l’Apprenti demeura seul dans la tour, couchant par terre, avec le ciel pour toiture. S’il avait soif, il buvait l’eau du puits. Le fer, l’argent et l’or, ne lui manquaient pas plus que les diamants et les pierres fines. Tout son travail, les grands aigles de la Montagne l’apportaient au Forgeron du Pont-de-Pile. Quand l’Apprenti l’avait cent fois gagnée, ils lui jetaient une miche de pain noir comme l’âtre, et amer, amer comme le fiel.
Pourtant, l’Apprenti ne travaillait pas toujours pour son maître. Sous son enclume, il avait fait un trou profond, pour y cacher les choses qu’il se forgeait, sans être vu des grands aigles de la Montagne. Il se forgea d’abord une hache d’acier fin, une hache large et bien affilée. Après, il se forgea une ceinture de fer, une ceinture de fer garnie de trois crocs. Après, il se forgea une paire de pieds d’or, aussi bien faits, aussi bien ajustés que ses deux pieds de chair sciés et brûlés par le Forgeron du Pont-de-Pile. Enfin, il se forgea une paire de grandes ailes légères, légères comme la plume. Ce travail dura sept ans. Chaque soir, au coucher du soleil, la Reine des Vipères entrait dans la tour, par le trou qui ne s’ouvrait que pour elle, et qui se refermait aussitôt.
- Apprenti, ton martyre finira, dès que je serai ta femme.
- Va-t-en, Reine des Vipères. Je me suis fait une maîtresse. Je n’en changerai jamais, jamais.
Voilà ce qu’ils se disaient chaque soir. Mais quand tout fut prêt, l’Apprenti parla d’autre façon.
- Apprenti, ton martyre finira, dès que je serai ta femme.
- Viens, viens, Reine des Vipères. Je renie ma maîtresse. Je n’y penserai plus jamais, jamais.
La Reine des Vipères vint se coucher par terre, à côté de l’Apprenti. Ils s’embrassèrent, en devisant d’amour, jusqu’au lever du soleil.
- Apprenti, ton martyre va finir. Bientôt je serai ta femme. Adieu. Je reviendrai ce soir, au coucher du soleil.
- Adieu, Reine des Vipères. Le temps va me sembler long.
Le soir, une heure avant le coucher du soleil, l’Apprenti pensa: «Et maintenant, nous allons rire.» Il prit sa hache d’acier fin, sa hache large et bien affilée. Il boucla sa ceinture de fer, sa ceinture de fer à trois crocs, et ajusta ses pieds d’or. Cela fait, il se rasa contre le mur, et monta la garde, juste à côté du trou par où la Reine des Vipères venait chaque soir dans la tour. Quand la Reine des Vipères entra, vite l’Apprenti lui mit le pied sur le cou. Elle se retourna en sifflant; mais elle ne mordit que les pieds d’or. D’un coup de hache, l’apprenti sépara la tête et le corps, et les accrocha à sa ceinture de fer. Alors, il s’ajusta la paire de grandes ailes légères, légères comme la plume, et monta jusqu’au haut de la tour. La nuit tombait. L’Apprenti regardait le ciel, pour se bien reconnaître, et régler sa route sur les étoiles. Tout-à-coup, il prit sa volée, cent fois plus vite qu’une hirondelle.
Enfin, il se posa tout en haut du toit de l’hôpital de Lectoure, d’où l’on voit si bien sur le hameau de La Côte, sur les maisons du Pont-de-Pile, et sur la rivière du Gers. Là, il écouta, regarda, et attendit. Il écouta sonner onze heures à toutes les horloges de la ville. Il regarda vers le Pont-de-Pile, et vit, au clair de la lune, le Forgeron qui sortait de sa maison, pour aller se changer en loutre, et vivre dans le Gers jusqu’à la pointe de l’aube. Il attendit jusqu’au dernier coup de minuit. Alors, l’Apprenti plongea, cent fois plus vite qu’une hirondelle, sur le saule creux où le Forgeron du Pont-de-Pile cachait chaque nuit sa peau d’homme. En moins de rien, la peau d’homme pendait à l’un des crocs de sa ceinture de fer, et il planait à cent toises au-dessus de la rivière du Gers.
- Hô! Forgeron du Pont-de-Pile! Hô! Hô! Hô!
- Que me veux-tu, grand oiseau?
- Forgeron du Pont-de-Pile, je t’apporte des nouvelles de ta fille, des nouvelles de la Reine des Vipères.
- Parle, grand oiseau.
- Grand oiseau je ne suis pas. Je suis ton Apprenti. Pendant sept ans passés, j’ai souffert mort et passion, dans une tour, au bord de la mer grande. Forgeron du Pont-de-Pile, tu veux des nouvelles de ta fille, des nouvelles de la Reine des Vipères. Ecoute. Ta fille est en deux morceaux, la tête et le corps, accrochés à ma ceinture de fer. Tiens. Ramasse-les dans le Gers, et tâche de les recoudre.
Le Forgeron du Pont-de-Pile criait comme un aigle dans la rivière. «Forgeron du Pont-de-Pile, tu n’as pas fini de souffrir. Cherche ta peau d’homme dans le saule creux. Cherche, mon ami. Cherche bien. Je la tiens accrochée à ma ceinture de fer. Et maintenant, tu es loutre pour toujours.» Le Forgeron du Pont-de-Pile plongea dans le Gers. On ne l’a revu jamais, jamais.
Alors, l’Apprenti partit, cent fois plus vite qu’une hirondelle, vers la maisonnette de sa mère.
- Pan! Pan!
- Qui frappe?
- Ouvrez, mère.
- Jésus! Maria! C’est toi, mon fils. Il y a sept ans passés que je t’espérais.
- Mère, je n’ai pas eu le loisir de rentrer plus tôt. Je suis content de voir que le Bon Dieu et la sainte Vierge Marie vous ont conservé la santé. Maintenant, mère, je suis en état de gagner gros. Vous ne travaillerez plus que si cela vous plaît. Sans vous commander, mère, allumez le feu. Préparez le gril, et mettez sur la table une miche de pain, avec un piché - mesure locale contenant deux litres - de vin. J’apporte la viande, pendue à un croc de ma ceinture de fer.
- Jésus! Maria! Mon fils, c’est une peau de chrétien.
- Mère, c’est la peau du Forgeron du Pont-de-Pile. Il n’était pas de la race des chrétiens. Vous ne le reverrez jamais, jamais.
Une heure après, la peau était cuite et avalée. «Et maintenant, Forgeron du Pont-de-Pile, tâche de venir chercher ta peau dans mon ventre.» Alors, l’Apprenti rajusta sa paire de grandes ailes légères, légères comme la plume, et prit sa volée, cent fois plus vite qu’une hirondelle. En cinq minutes, il était devant la porte de la chapelle du château de Lagarde, où sa maîtresse dormait enterrée. D’un coup d’épaule, il enfonça la porte. Cela fait, il alluma un cierge à la lampe qui brûle nuit et jour en l’honneur du Saint-Sacrement, enleva comme un liège la pierre du caveau, sauta dedans, et arracha le couvercle de la bière de sa maîtresse.
- Hô! Petite Demoiselle, levez-vous. Il y a sept ans passés que vous dormez.
- C’est toi, bel Apprenti. Le malheur n’est donc plus sur toi. Regarde. J’ai fait tout ce que tu m’avais commandé. J’ai ma robe de mariée, avec le voile et la couronne de fleurs d’oranger sur la tête, et le bouquet de roses blanches à la ceinture.
- Petite Demoiselle, levez-vous.
La petite Demoiselle se leva. L’Apprenti la porta dans la chapelle, et ils y prièrent Dieu longtemps.
- Petite Demoiselle, il fait jour. Allez dans votre chambre, et restez-y jusqu’à ce que je vous appelle.
- Bel Apprenti, tu seras obéi.
La petite Demoiselle alla dans sa chambre. Alors, l’Apprenti se présenta devant les maîtres du château.
- Bonjour, marquis et marquise de Fimarcon. Me reconnaissez-vous?
- Non, mon ami. Nous ne te reconnaissons pas.
- Vous avez tort. Je suis l’Apprenti du Forgeron du Pont-de-Pile. Il y a sept ans passés, j’ai travaillé deux mois ici, quand votre fille aînée épousa le roi des Iles de la mer.
- C’est vrai, Apprenti. Maintenant, nous te reconnaissons bien.
- Marquis et marquise de Fimarcon, vous aviez une fille cadette, une petite Demoiselle de treize ans. Maintenant, elle doit être mariée à quelque prince.
- Apprenti, notre fille cadette est au ciel. Voilà sept ans passés que le Bon Dieu nous l’a prise. Nous l’avons enterrée, comme elle avait dit, dans une robe de mariée, avec le voile et la couronne de fleurs d’oranger sur la tête, et le bouquet de roses blanches à la ceinture.
- Marquis et marquise de Fimarcon, jurez par vos âmes, et à peine de damnation, que vous me donnerez votre fille cadette en mariage, si je vous la rends vivante.
- Par nos âmes, et à peine de damnation.
- Marquis et marquise de Fimarcon, mandez vite le curé. Moi, je vais chercher votre fille.
L’Apprenti ramena la petite Demoiselle. On les maria le matin même, et la noce dura quinze jours. L’Apprenti et sa femme vécurent longtemps heureux, et ils eurent douze garçons. L’aînéétait le plus fort et le plus beau de tous. Mais il avait le ventre couvert d’un pelage fin, doux et jaune, comme celui de la loutre. Cela venait de ce que, le premier jour de la noce, son père avait mangé, cuite sur le gril, la peau du Forgeron du Pont-de-Pile.
Article copié sur "La France pittoresque"
Trois avril 1768. Le marquis de Sade fait "joujou" avec la mendiante Rose qui parvient à s'enfuir. Attirée sous un faux prétexte, la jeune femme n'apprécie pas les "divines gâteries" du petit marquis. Elle le fait arrêter pour viol.
Par Frédéric Lewino et Gwendoline Dos Santos à la une du Point.
Le divin marquis a choisi de passer à l'action ce dimanche de Pâques, le 3 avril 1768. Depuis quelques jours, sa tête est pleine de bruit et de fureur. Les prostituées qu'il va chercher dans les nombreuses maisons de débauche de la capitale ou que lui envoie de Bruxelles Dédé la Sardine ne suffisent plus à l'apaiser. Ni même toutes ces actrices vénales qui se donnent aux grands seigneurs contre de l'argent. Cela fait trop d'années qu'il en use et en abuse. Il a de plus en plus de mal à trouver des volontaires pour ses délires sadiques et pervers. Faire l'amour avec un casque de moto finit par le lasser.
L'inspecteur Marais, qui le surveille depuis plusieurs mois, note dans un rapport: "J'ai recommandéà la Brisault (une célèbre mère maquerelle de l'époque, NDLR), sans m'en expliquer davantage, de ne pas lui donner de filles pour aller avec lui en petites maisons." Le 16 octobre 1767, il prévient son supérieur monsieur de Sartine, lieutenant général de police: "On ne tardera pas à entendre parler encore des horreurs du comte de Sade." Oui, du comte et non du marquis, car depuis la récente mort de son père, il a droit à ce titre, même s'il ne le revendique pas.
Il a du flair, le flic, puisque le premier grand scandale public impliquant Sade est sur le point de se produire. Le 3 avril 1768, le marquis repère une mendiante place des Victoires. Le prédateur sexuel a revêtu une redingote grise, porte un couteau de chasse à la ceinture, tient une canne à la main et protège ses douces mimines dans "un délicieux manchon blanc" en lynx. Il guette sa proie, adossée aux grilles entourant la statue équestre de Louis XIV située au centre de la place. Soudain, la voilà, elle sort de la messe aux Petits-Pères pour rejoindre sa place habituelle, où elle demande l'aumône aux passants. Elle s'appelle Rose Keller, avoue 36 ans et est originaire de Strasbourg. Veuve d'un pâtissier, elle a été congédiée de son atelier de filage un mois plus tôt. Pas d'indemnité chômage, au XVIIIème siècle. La meilleure des époques, selon Manuel Valls... Du coup, comme des milliers de femmes abandonnées, elle n'a pas d'autres choix que la mendicité ou le tapin. Pour l'instant, elle se borne encore à faire la manche.
Confusion… Le beau marquis s'approche d'elle, engage la conversation avec difficulté, car elle possède un accent alsacien à couper au couteau. Est-ce l'origine d'une mésentente entre eux? Sade comprend (ou fait semblant de comprendre) qu'elle se prostitue de temps à autre, tandis que Rose pense qu'il lui offre un emploi de gouvernante dans sa petite maison de campagne d'Arcueil.
En fait de maison de campagne, c'est une maison de compagnes. À l'Aumônerie, louée 800 livres par an, le jeune débauché a l'habitude de faire venir du faubourg Saint-Antoine des prostituées à l'occasion de petites sauteries très spéciales. Il s'amuse à les fouetter contre le gîte, le couvert et un salaire d'environ un louis. Ne sachant apparemment rien de tout cela, Rose monte sans méfiance dans le fiacre qu'il est allé chercher et dont il ferme les rideaux pour qu'elle ne voie pas où il la conduit. Ils atteignent Arcueil vers 12 h 30.
Sade fait arrêter le cocher quelques centaines de mètres avant le terme de la course, probablement pour qu'il n'identifie pas la demeure, achevant le chemin à pied. Il demande à Rose d'attendre devant le portail vert tandis qu'il fait le tour de la propriété pour y pénétrer par une porte latérale. Pourquoi ne pas sonner? On n'en sait rien. Une fois à l'intérieur, tous deux traversent le jardin, croisant des prostituées que le marquis avait fait chercher le matin même par son cocher. Il fait visiter la maison à Rose, l'entraîne dans la cuisine, l'office, le salon. Puis il la fait monter à l'étage pour lui montrer la chambre attribuée à la gouvernante et lui demande de l'y attendre. Elle entend le verrou se refermer, mais n'y attache pas d'importance. Le marquis rejoint les prostituées au rez-de-chaussée avec lesquelles il commence à s'échauffer les sens. La suite des événements est plus confuse, les versions différant selon les témoignages ultérieurs du marquis et de Rose.
Confession… Selon cette dernière, il serait revenu la chercher revêtu d'un accoutrement bizarre constitué d'un habit de boucher et d'un linge blanc noué autour de la tête. Il s'adresse à elle d'une voix cassante pour lui demander de se dévêtir. Affolée, incapable d'apprécier le piment de la situation, elle refuse net. Sade brandit alors son épée, menace de l'embrocher et de l'enterrer dans le jardin si elle ne s'exécute pas. Comment résister à une telle "déclaration d'amour"? Elle ôte ses habits, mais tente de conserver sur elle sa chemise. Cette résistance excite le marquis. D'un geste, il arrache le dernier vêtement de sa victime avant de la pousser, nue, dans la pièce voisine occupée par un grand lit recouvert d'un tissu rouge et blanc. Rose se révolte, elle voudrait résister, mais ne le peut.
Que s'est-il alors exactement passé? Lors du procès, il dira s'être bornéà la flageller avec un fouet à nœuds dans une atmosphère théâtrale. Elle, au contraire, prétend avoir subi bien pire. Elle parle de blessures avec un canif, de cire brûlante utilisée comme un onguent, de coups de bâton et même de "vivisection" (?). Ayant épuisé ses pulsions sadiques, Sade propose à sa victime de se confesser à lui. N'est-ce pas une charmante attention? Rose, ne le comprenant pas, préfère refuser. Le marquis n'insiste pas et sort de la chambre pour retrouver les prostituées à l'étage inférieur, bien plus coopératives.
Réalité"moins excitante"… Durant l'absence de son bourreau, Rose parvient à se débarrasser de ses liens, empoigne le dessus-de-lit rouge pour s'en couvrir, puis ouvre la fenêtre et descend jusqu'au sol en s'aidant de la treille. Elle parvient à s'échapper de la propriété sans se faire remarquer, dévale la route, arrive à une fontaine, où elle rencontre une femme à qui elle demande de l'aide. N'arrivant pas à se faire comprendre à cause de son accent, elle dévoile ses blessures. Sur ce, le valet de Sade surgit, il offre à la fugitive une bourse pour qu'elle revienne, mais celle-ci refuse absolument. Pas question de revenir partager les jeux du marquis.
Recueillie par les habitants d'Arcueil, Rose est examinée par le médecin du village, Pierre-Paul Le Comte. Dans le rapport qu'il adressera ultérieurement au tribunal jugeant Sade, il note des contusions conformes à celles que pourrait faire un fouet orné de nœuds, mais aucune coupure par un canif, aucune grosse contusion occasionnée par un bâton et encore moins de brûlure de cire, comme Rose le prétendra. La réalité est bien "moins belle et excitante" que tout ce qu'on pourrait écrire par la suite.
Dans le village, on se doutait depuis bien longtemps que le marquis se livrait à la débauche dans sa maison. On entendait souvent des cris. Rose est donc prise au sérieux et la maréchaussée va aussitôt arrêter Sade. Il s'ensuit alors un long bras de fer entre le Parlement, qui veut sévir pour satisfaire l'opinion publique lasse des excès aristocratiques, et le pouvoir royal, pressé par le puissant clan de l'accusé de faire preuve d'indulgence. En fin de compte, le roi signe une lettre d'abolition annulant d'avance la condamnation de Sade à l'emprisonnement "pour le restant de ses jours". Après sept mois d'emprisonnement, le marquis retrouvera la liberté avec l'obligation de se retirer dans ses terres. Rose Keller se consolera de son aventure avec 2 400 livres et quelques contusions vite disparues.
© Le Point.fr - Publié le 03/04/2012 à 00:00 - Modifié le 03/04/2014 à 00:01
Pour l’éphéméride du trois avril c’est ICI
http://mickeywerlen.canalblog.com/archives/2014/04/03/29580116.html
Dicton du jour de Charlie Hebdo
Ben pour le dicton de Charlie hebdo de ce jour, le Charlie de service, en poivrot qui se respecte, se doit de boire tout ce qui se présente à lui; sauf le pastis du circuit car il lui fout les boules et il ne veut pas qu'on le traite de pochard...
Ben pour la zique de ce vendredi saint… on va rester dans la même époque en s’écoutant le groupe de Neil Young… Il y a encore et toujours du mouvement et un autre genre de rythme qu’on a encore en tête; nous en avons bien besoin pour commencer ces fêtes de Pâques… Je vous souhaite une bonne écoute!!!
https://www.youtube.com/watch?v=UlHf8rjkK5Q
Et en avant pour les blagounettes du jour, un bouquet divers et printanier, des courtes mais bonnes, des longues mais connes, des connues et des moins connues; quoi, des blagues à deux balles ou à quatre sous...
------------------------------
Un vieux est en ménage avec une jeune minette. Comme il n'a plus sa vigueur de 20 ans, il se limite à lui bouffer le cul. Un matin la nénette se lève pliée en deux.
- Ben mon salaud, dit-elle, tu m'as tellement bouffé le cul hier soir que j'ose pas m'asseoir tellement j'ai mal!
- Quand t'aura fini de papoter, répond le vieux, tu me rendras mon dentier qu'on déjeune...
Un chauffeur de taxi questionne un collègue:
- Elle a quel âge, ta femme?
- Quarante ans au compteur.
- Tu plaisantes ou quoi?
- Pas du tout.
Quarante ans au compteur et vingt-trois de prise en charge.
C’est un gars qui travaille dans une pharmacie aux États-Unis.
Un jour, il reçoit un coup de fil téléphonique d’un homme paniqué qui voulait connaître les effets secondaires d’un gel appelé Maintain.
- Le Maintain, comme son nom l’indique, est un gel topique qui est utilisé pour combattre l’éjaculation précoce. Cela est possible grâce à ses propriétés qui bloquent l'influx nerveux.
Le pharmacien explique donc au gars que les effets secondaires sont du type rash cutané, mais que la plupart du temps, tout se passe très bien. Cependant, à l'autre bout du fil, le gars est toujours aussi paniqué. Alors le pharmacien lui demande d'expliquer ce qui se passe.
Du coup, le gars explique que lui et sa femme venaient tout juste d'utiliser le Maintain, et que depuis, sa femme prononçait les mots de manière incompréhensible et n'était plus capable de contrôler sa langue...
Le pharmacien lui a répondu de ne pas s'en faire.
- Ma femme, dit un monsieur à un pharmacien, aurait besoin d’un bon fortifiant.
Est-ce que vous en connaîtriez un qui lui fasse vraiment de l’effet?
- Faites-lui prendre trois comprimés par jour de celui-ci, conseille le pharmacien.
Mais à une condition impérative...
- Laquelle?
- Dans quinze jours, elle aura retrouvé tellement d’énergie que vous devrez, au choix, vous tenir prêt à lui faire l’amour dix fois par jour ou déménager pour habiter à côté d’une caserne.
Une jeune mère téléphone à son pédiatre.
- Docteur, j’ai acheté le livre que vous m’aviez conseillé.
- Oui, et alors?
- Alors, page 56, il y est écrit, je cite:
Quand bébé a fini son biberon, lavez-le à l’eau bouillante et nettoyez l’intérieur avec un goupillon.
- Eh bien, ça me semble un excellent conseil d’hygiène, dit le pédiatre.
- Oui, mais mon bébé na pas du tout apprécié le traitement!
------------------------------
C'est vendredi... le réveille-matin, pour ce jour de vendredi saint sera en pause pascale pour certains dont ce jour est férié et pour les autres il joue encore de la sonnerie, quelle connerie de nous réveiller en sursaut... Après la routine du réveil, la toilette, le petit-déjeuner, avec le temps qu'il fait, ce n'est pas d'un pas alerte et encore moins le cœur léger qu'on se rend au travail; au programme pluie, neige et vent, bouchons, train ou métro bondé... avec comme soulagement, tout le monde ou presque tire la même tête... En ces jours de début de printemps pluvieux et neigeux, une pensée particulière va aux sans-abris qui souffrent du froid nocturne et de la pluie; à ceux qui dès aujourd'hui sont expulsables de leur appartement car la trêve hivernale est terminée; à celles et ceux qui souffrent autant de la maladie que d'autres choses et à ceux qui pansent les plaies dues aux divers maux que l'adversité afflige à chacun... Prenez soin de vous et je vous souhaite une bonne journée, en vous disant à la revoyure...